Cours de danse Danser la Vie - Toulouse

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● Juge de Compétition

Juge de Compétition
par Walter LAIRD (traduction J.L. VIALA)
Article paru dans Dance New's 01-10-1980 - Bulletin AMDF n°225 (juillet 1982)

 

Suite à plusieurs lettres de membres me demandant conseil pour juger des compétitions, j'ai fait une série d'articles que j'écrivis il y a presque 20 ans de cela. Je pense que la plus grande partie de ce que j'ai écrit est encore tout aussi valable aujourd'hui et peut-être cela intéressera-t-il beaucoup de professeurs. Les passages de médailles et les compétitions sont l'âme de notre profession et ce premier article, qui traite de questions générales, devrait aider de nombreux professeurs.

Pour commencer par le commencement, je poserai tout d'abord la question :

Pourquoi être Juge ? En général, la rétribution financière pour juger est minime. Une fois pris en compte le temps des trajets, l'habillement, la blanchisserie et autres dépenses, il reste bien peu pour vous rembourser de la perte d'une soirée de travail dans votre propre école.

La plupart des professeurs jugent pour la "gloire" et la publicité. Il est indéniable que la gloire obtenue à être juge lors d'une compétition importante ou d'un festival en vaut la peine. Le public connaîtra et reconnaîtra votre nom et même des élèves peu intéressés par la compétition sont impressionnés de voir le nom de leur professeur choisi comme juge. J'ai entendu parler des juges peu connus qui faisaient des milliers de kilomètres à leurs frais juste pour la publicité que cela leur apportait d'avoir jugé à l'étranger et de pouvoir s'intituler "juge international".

Le fait de juger sera pour le professeur ardent et zélé une riche expérience. Le fait d'avoir à estimer la valeur de styles et de présentations différents, la qualité de mouvement et la technique de tant de couples s'avérera immensément précieux à tout professeur, surtout si une part de sa profession est consacrée à l'entraînement de médaillistes ou de compétiteurs. Et si vous me pardonnez cette réflexion cynique, dès le moment où vous commencerez à juger assez régulièrement, bon nombre de compétiteurs se rendront soudain compte quel bon professeur vous êtes et ils tenteront alors d'obtenir des leçons avec vous. C'est quelque chose que je déplore mais qui malheureusement est vrai.

Comment devenir Juge ? Dans pratiquement tous pays un juge doit avoir satisfait aux exigences du niveau de "Member" (ou niveau supérieur) au sein d'une organisation de professeurs reconnue. En Grande-Bretagne cette qualification doit se faire par examen dans le style des danses que l'on juge (Standards ou Latines) et un diplôme honoraire n'est pas suffisant. C'est une bonne chose car elle assure au moins qu'un juge a une connaissance approfondie de la technique des danses qu'il juge.

Le plus difficile est de décrocher les premiers engagements en tant que juge. Voici une solution pour y parvenir. Organisez une petite compétition pour médaillistes ou pour les élèves dans votre école et invitez un professeur d'une ville voisine à venir juger. Choisissez-le de façon qu'il vous rende la pareille en vous invitant à juger une compétition du même genre dans son école. Puis essayez d'organiser une compétition ouverte aux couples de toutes les écoles et veillez à ce que la presse spécialisée nationale en fasse état dans ses publicités. Ceci ne vous contera pas cher et vous donnera l'expérience et la publicité dont vous avez besoin. Une bonne idée lors de ces compétitions ouvertes est d'engager en plus un juge connu (ou un couple pour une démonstration). Cela donnera plus de classe à votre soirée et vous offrira l'occasion de comparer votre jugement des couples à celui du juge plus expérimenté. Ne vous tracassez pas trop si votre propre jugement diffère de celui des autres juges. Les meilleurs juges ne sont souvent pas d'accord. Je traiterai de cette question plus tard dans mes articles.

Quand vous avez un ou deux couples très désireux de faire de la compétition, amenez-le(s) à l'une des nombreuses compétitions ouvertes qui ont lieu dans tout le pays. Parlez franchement à l'organisateur et dites-lui que vous aimeriez bien avoir l'occasion de juger. Beaucoup sont très contents d'ajouter de nouveaux noms à leur liste de juges. Si vraiment vous voulez juger, faites passer votre nom dans l'un des répertoires d'adresses que publient tous les magazines et journaux de danse. N'oubliez jamais votre numéro de téléphone ; les organisateurs sont des gens très occupés et souvent pour compléter une liste de juges rapidement, ils doivent inclure des noms trouvés dans les colonnes publicitaires.

Comment remplir votre carte de Juge ? Ceci n'a rien à voir avec le jugement de valeur que vous portez sur la danse mais s'intéresse à la façon dont vous notez les résultats sur vos cartes. Si vous êtes juge unique, les instructions nécessaires vous seront données par l'organisateur. Si vous êtes dans un jury de trois juges ou plus, les instructions à suivre vous seront données par le Président des juges.

Le nombre de couples dans une compétition peut varier de façon considérable et la règle générale veut que dans chaque passage les couples ne doivent pas être réduits par plus de 50 %. La plupart des organisateurs veulent que les couples "en aient pour leur argent" et des réductions possibles sont :

1er passage : 30 à 20
2e passage : 20 a 12
Demi-finale : 12 à 6

ou 24 à 12 et 12 à 6 (pas très populaire)

ou 30 à 24 - 24 à 16 - 16 à 10 - puis une demi-finale de 10 à 6 (valable, si le temps le permet)

Evidemment plus de couples seront heureux quand le plus grand nombre possible sont gardés pour le passage suivant mais lors de compétitions où se déroulent en un seul jour 20 à 30 épreuves, il est inévitable d'éliminer plus brutalement.

Il est plus que probable qu'avec un grand nombre de couples engagés, ceux-ci danseront en 3 ou 4 séries (ou même plus) d'une même manche éliminatoire. C'est alors que le juge doit faire le plus attention. Il peut arriver que si vous choisissez 24 couples sur 40 et sur 4 séries d'un même passage, vous estimez mentalement que vous choisissez 6 couples dans chaque série. C'EST TOUT-A-FAIT FAUX. Il vous est demandé de choisir les 24 meilleurs couples sur les 40 qui dansent et il se peut très bien (c'est souvent le cas) que 8 ou 9 des meilleurs couples soient dans une même série, habituellement la dernière du fait que les "gros bras" arrivent souvent plus tard, une fois qu'ont été disputées les épreuves préliminaires.

Voici la meilleure manière de résoudre cette situation difficile :

Ayez toujours une carte supplémentaire en main. Si vous estimez que le niveau de la première série semble médiocre, n'inscrivez que 3 ou 4 numéros de dossards sur votre carte et gardez-en 2 ou 3 "possibles" sur votre carte supplémentaire. Si vous jugez que le niveau d'une série est élevé, inscrivez plus de dossards mais mettez un signe distinctif, "tiret" ou "x" en face des numéros des couples que vous désireriez éliminer si le niveau d'une série suivante était plus élevé. Pensez toujours à signer de vos initiales tout changement que vous apportez à une carte. C'est toujours la première danse qui est difficile. Ensuite, vous aurez une meilleure idée du niveau général pour vous aider à noter les danses qui restent.

Quand je choisis les 6 couples pour la finale à partir d'une demi-finale de 10 couples ou plus, j'ai l'habitude de d'abord porter leurs numéros sur une carte supplémentaire, puis de les reporter sur la carte correcte. Le choix de 6 couples dans la demi-finale est souvent le moment le plus difficile, surtout quand le niveau est équilibré. Il peut être utile d'avoir ainsi les notes que vous avez attribué à la demi-finale sur un papier à part et à la fin de la compétition il vous sera possible de savoir si le scrutateur a bien .reporté correctement vos notes et non mis les notes d'un autre juge face à votre nom (une erreur qui arrive parfois et qui peut être très embarrassante).

Dans la finale elle-même, quand les couples doivent être placés par ordre de mérite, il est souvent sage de noter d'abord vos résultats sur une carte à part. C'est ce que je fais car il y a des fois où je change une place possible de "premier" ou "second" pour une place de "sixième" car j'ai remarqué un couple utilisant une routine en disharmonie totale avec la musique (ceci arrive souvent en Slowfox et en Quickstep).

Ma méthode personnelle pour juger le classement de la finale est souvent de trouver d'abord le couple que je mets 6e puis si possible le 5e, car ces places sont plus faciles à déterminer que les autres en tête. Puis j'essaie de décider quel est mon vainqueur et si possible le 2e, laissant les 3e et 4e couples pour la fin (mais toujours prêt à changer toute note si nécessaire. Voilà pourquoi j'utilise une carte supplémentaire : pour éviter d'avoir à raturer la carte officielle que je remets au scrutateur.

Un conseil important : souvenez-vous qu'à certaines compétitions il y aura des gens qui étudient les juges autant que les compétiteurs. Rien ne m'irrite plus et n'irrite plus les compétiteurs, que le juge qui finit de remplir sa carte alors que la musique est loin d'être terminée, puis se détourne ou commence à quitter la piste d'un air supérieur censé vouloir dire à tout le monde "c'était facile".

Juger n'est jamais une tache facile. Il est du devoir du juge d'accorder une attention totale à son rôle : juger les couples qui évoluent devant lui et estimer la danse qu'ils présentent à cette occasion précise. Un juge n'a pas le droit de noter selon "ce qu'il sait" des couples. Il doit noter "ce qu'il voit".

Dans un second article j'énumérais 6 points principaux qui doivent influencer un juge :

1 - Une ligne du haut du corps élégante : ceci comprend la tenue, l'équilibre et le style général y compris la position des bras et de la tête et la ligne des épaules. Un style élégant vaut toujours qu'on s'y arrête.

2 - Le contact : un juge doit décider si une perte de contact occasionnelle est causée par une distribution incorrecte du poids du corps ou tout autre faute de base. Une perte de contact continue doit être sanctionnée. Une erreur occasionnelle peut se produire même avec des danseurs expérimentés.

3 - La cavalière maintenue trop sur la D. du partenaire : cette faiblesse évidente gênera toujours l'exécution correcte de nombre de variations et elle est inacceptable. Elle est aussi facile à corriger.

4 - Travail de pieds incorrect : des erreurs élémentaires de travail des pieds telles que le fait de danser le 4e pas d'un Chassé Progressif ou le 3e pas d'un Running Finish (Cavalier) sur le talon doivent être sanctionnées sévèrement. De telles fautes montrent qu'il y a quelque chose de mauvais "en profondeur". La partenaire présentera souvent des défauts identiques.

5 - Un mouvement forcé : chaque compétiteur essaie de se déplacer avec autant de fluidité que possible. Le mouvement attire. Quand ce mouvement est visiblement forcé et non amené par un élan naturel du corps, il ne doit pas être considéré comme élan et mouvement en tant que tels mais noté comme une faute grave. "Le mouvement extrême qui reste aisé" est le mouvement suprême.

6 - Le rythme : Quand un couple ne danse pas en harmonie avec la musique, je considère ceci comme la faute la pire qui soit et je le juge en conséquence. Une erreur qui entraîne une perte temporaire de rythme est compréhensible et peut être traitée avec plus d'indulgence. A mon avis, ceux qui font la faute la plus grave sont ceux qui dansent "en avant" de la musique. Cette faute se voit surtout en Slowfox et Quickstep et elle indique, selon moi, qu'il manque à un couple l'équilibre et la connaissance suffisants pour contrôler leur danse.


NB : Les articles d'origine, écrits il y a quelques années, traitent des danses Standards seulement, non des Latines, bien que la première partie soit valable pour les deux styles.


 


Philippe Valade - Copyright (c) 2003 - Tous droits réservés.

 



11/06/2003

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