Cours de danse Danser la Vie - Toulouse

Cours de danse Danser la Vie - Toulouse

● Le terme féminin de l'équation en danses Standards

Le terme féminin de l'équation en danses Standards
par Harry SMITH-HAMPSHIRE (traduction Isabelle REYJAL)
Dance News n° 1458 - Le Bulletin Fédéral FFD n° 22 (01/04/1997)

 

Un éminent compétiteur, ex-amateur, récemment passé professionnel, racontait un jour qu'il avait demandé à un certain entraîneur ce que devait ressentir la fille par rapport à son partenaire en dansant les Standards. La réponse de l'entraîneur en question avait été la suivante : "Contente-toi de conduire, elle suivra". Le compétiteur racontait qu'il avait ensuite dansé avec la partenaire de l'entraîneur, et - zoom - elle l'avait littéralement fait voler autour de la salle. Le compétiteur supposait que cet entraîneur faisait de la rétention d'importantes informations ; que le rôle de la danseuse était beaucoup plus actif en matière de propulsion corporelle que ce qu'on avait voulu lui faire croire.

Cette supposition est peut-être loin de la vérité ! Les enseignantes compétentes deviennent expertes, avec l'habitude, dans l'art de guider et de manipuler leurs élèves autour de la piste, quelles que soient leur taille et leur corpulence. Mais, point très important, ce n'est pas nécessairement de cette façon qu'elles souhaitent danser lorsqu'elles se trouvent en compétition avec leur partenaire attitré.

Les couples les plus remarquables, historiquement, ont presque toujours été ceux où le danseur était un conducteur émérite et où la danseuse avait acquis en surabondance l'art de suivre. Dans un très petit nombre de cas, il est arrivé que des couples inversant les rôles - la danseuse conduisant et le danseur suivant - connaissent également le succès. Pourquoi cette unicité de conduite dans le couple est-elle à ce point une condition de réussite ? Sujet de rhétorique. C'est parce que - à la différence des démonstrations et des exhibitions où la danse a été chorégraphiée pour que les interprètes expriment les accents musicaux, les moments forts et les nuances de musiques choisies et pré-enregistrées - durant les compétitions et les championnats, le compétiteur (ou la compétitrice, si c'est elle qui conduit) n'a aucun contrôle sur les sélections musicales et doit donc faire preuve de créativité souple, basée sur sa capacité à réagir, dans son interprétation dansée de la musique.

La danseuse, dans les couples les plus créatifs, ne peut jamais savoir par avance quelle partie de la phrase musicale le danseur va accentuer, quelle partie d'un groupe de figures il va ralentir, retenir ou accélérer, voire même quel est le prochain pas qu'il va effectuer, s'il veut interpréter au mieux une musique particulière. C'est dans cette optique d'interprétation physique adaptée à chaque musique que l'art de suivre prend toute sa valeur. Plus qu'un art, c'est presque de la magie chez quelques-unes des meilleures danseuses !

La danseuse doit avoir pour objectif de devenir une parfaite suiveuse, de ne jamais perdre le contact du corps - condition essentielle pour toujours rester synchrone avec le danseur -, de ne jamais anticiper le mouvement, de ne jamais gêner la trajectoire du danseur ni ses changements de direction, de ne jamais peser, si peu que ce soit, dans les bras du danseur. Les grandes réussites dans l'histoire des championnats Standards de classe internationale sont redevables en grande partie à la capacité de la danseuse à suivre ; à toujours maintenir le contact du corps, mais avec une légèreté de plume.

Danser toujours une chorégraphie fixe et immuable, avec la même interprétation, des accentuations toujours au même endroit, inconsidérément des variations propres à chaque musique particulière, c'est ce que l'on pourrait appeler la danse "prête-à-porter", par opposition à la créativité plus artistique d'une danse "sur mesure".

Revenons à la question que soulevait le jeune professionnel. Il voyait une apparente contradiction dans la manière dont une enseignante expérimentée le faisait se déplacer autour de la salle juste après que son partenaire venait d'énoncer que le rôle de la danseuse était « simplement de suivre ». En réalité il n'y avait aucune contradiction dans ces deux situations totalement différentes.

J'utiliserai mon exemple personnel pour expliciter ce point. En même temps qu'elle était pour moi la parfaite "suiveuse" dans notre couple, Doreen, danseuse mince et légère, pouvait cependant, lorsqu'elle dansait avec n'importe lequel de nos élèves y compris ceux de niveau international, propulser des hommes beaucoup plus lourds qu'elle autour de la piste selon la vitesse précise et l'interprétation de la musique qu'elle estimait les plus profitables à leur progression.

Bien sûr, on connaît des exemples de compétiteurs ayant inversé les rôles. Brenda Winslade est le premier exemple qui me vient à l'esprit. Brenda, avec un passé d'enseignante très compétente, fut la partenaire de Desmond Ellison qui, bien que paraissant extrêmement brillant et capable de produire une très belle fluidité de mouvement, était en réalité conduit par Brenda. Elle était la force motrice et Desmond acceptait le rôle de suiveur. Mais lorsqu'elle changea de partenaire pour Peter Eggleton, qui avait des idées très positives sur la conduite masculine, Brenda, danseuse d'exception, sut s'adapter à un rôle plus soumis. Cette association produisit l'un des couples les plus remarquables de tous les temps.

Il n'y a pas de demi-mesure pour l'attribution du rôle de conducteur. Les deux partenaires ne peuvent efficacement contribuer à part égale à la force motrice du mouvement, à moins que leur chorégraphie ne soit totalement figée et ne laisse aucune part à l'imprévu dans l'interprétation. Les 50% de rôle qui reviennent à la danseuse dans le couple résident dans sa capacité à synchroniser ses mouvements de corps et de jambes aussi parfaitement que possible avec l'interprétation musicale créative que donne le danseur.

Mais bien que le rôle de la danseuse soit de suivre chaque action du danseur avec une précision millimétrique, grâce à un contact du milieu du corps le plus léger possible, elle n'est cependant pas exactement son "ombre". Elle doit produire des extensions gracieuses et mettre en valeur le mouvement dans les différents types de lignes comme les Oversways, les Whisks, les Lunges, etc. Elle doit exprimer la féminité, l'élégance, la douceur, la grâce, pour contraster avec le caractère masculin de la danse de son partenaire. Toute tentative délibérée de la danseuse pour anticiper l'action à suivre, comme par exemple "dégager ses hanches pour laisser le passage au danseur" ira à l'encontre du résultat escompté. En résumé, la danseuse doit se mouvoir avec le danseur, mais ne doit ni le gêner, ni l'anticiper.



-----------------------------------------------------------------

NB : L'adjectif "standard" est invariable et ne prend pas de "s" pour les danses dites de style Standard. Ce mot standard nous a été transmis de la langue anglaise qui l’avait initialement emprunté à l’époque médiévale au français, sous la forme estandart (étalon de poids). Dans la langue anglaise tous les adjectifs sont invariables et c’est donc dans sa forme invariable qu’il a d’abord été utilisé en français, plus particulièrement pour les danses dites de style Standard. Toutefois, la re-francisation de l'adjectif "standard"  a progressivement conduit à mettre un "s" au pluriel.

 


Philippe Valade - Copyright (c) 2003 - Tous droits réservés.

 

 



21/08/2013

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour