Cours de danse Danser la Vie - Toulouse

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● Danse sportive - Danse de société

Danse sportive - Danse de société
par Marc DELACOUR
Danse Sportive - Le Journal des Athlètes n° 7 (01/05/2000)

 

Danse sportive contre danse de société. Cette guerre qui dure depuis des décennies et dont on ne voit toujours pas la fin. Au contraire.

Il me semble intéressant de faire le point sur la question. Y a-t-il des similitudes, des oppositions ? Peuvent-elles vivre ensemble ou au contraire s'excluent-elles mutuellement ?

Quelle est la différence entre la danse de société et la danse sportive ?

Telle est la question que j'ai posée un jour à un professeur réputé de danse de société ayant également le privilège de connaître parfaitement la danse sportive. Il m'a répondu : en danse sportive, on commence avec le pied gauche, alors qu'en danse de société on commence avec le pied droit ! Sacrée différence. Je n'ai jamais osé donner cette différence à mes élèves de peur d'être ridicule. De plus lorsque l'on écoute les spécialistes de danse musette, on apprend que l'on doit toujours avancer le pied gauche en premier. Point important quand on sait que les spécialistes en question ne savent rien de la danse sportive.

Voulant mieux comprendre, j'ai comparé le pas de base de tango et celui de cha cha cha.

En tango, les danseurs de société avancent le pied droit en premier (lent), puis le pied gauche (vite), posent le pied droit à droite (vite), et enfin réunissent le pied gauche au pied droit (lent). Dans le pas argentin, sur le dernier pas, au lieu de réunir le pied gauche au pied droit, ils l'avance. En danse sportive, on commencera par avancer le pied gauche (lent), et la suite est la même que le pas argentin décrit précédemment. La différence tient donc par le fait que l'on a dansé un pas de plus au début. Que d'histoires pour un malheureux pas de plus ! Quand on sait qu'aux Etats Unis, ce pas de tango est dansé sur quatre temps et non trois comme en France, on est en droit de se poser des questions sur la pertinence de ces réponses.

Quant au cha cha cha, je n'ai vu aucune différence entre danse de société et danse sportive ; ce qui semble logique, puisque cette danse a été créée en 1953. Par contre, en danse musette, pendant le chassé, le poids du corps n'est pas posé sur le premier pas, le deuxième pas est glissé, et ce n'est que sur le troisième pas que le poids du corps est transféré. Là encore doit-on engager une nouvelle guerre de 100 ans pour si peu ?

Par contre pour ces deux danses, tout comme pour les autres, il y a une grande différence dans la façon de les danser. En tango, le mouvement est plus marqué, plus "staccato", alors que le tango dancing, le mouvement est fluide, sans à-coup, mais le premier style remonte à 1931 quand même!
Devant ces arguments, on se retranche derrière le très fameux 'Voilà comment on dansait avant". La réponse se trouve dans cette réflexion. La danse de société est issue de la culture française, ou plus généralement d'une culture nationale, qu'elle soit française ou étrangère. La danse sportive, elle, est issue d'une "culture intemationale". Bien sûr, sur un plan purement philosophique, on devrait parler de caractère international, car une "culture internationale" est un non sens. Mais le lecteur a bien compris l'image prise pour comparer ces styles de danse. Maintenant le débat devient intéressant.

La danse de société.
Tout le monde sait qu'on ne danse pas le rock dans le sud de la France comme on le danse dans le nord. Le tango et la valse subissent également quelques modifications. Et que dire de la valse de Paris ? Il y a des différences, tant mieux ! C'est ce qui donne la richesse de la danse de société. La danse de société reflète les traditions françaises et ses différentes régions. II faut la conserver, la développer et la faire connaître. Cela fait partie du patrimoine culturel national. Et dans ce domaine, les professeurs des différentes régions auront intérêt à partager leur savoir. Mais dans ce style de danse, il n'y a pas que les danses de tradition française. On y inclut également les danses de tradition étrangère telles que le tango argentin ou la salsa, très à la mode en ce moment. II est à remarquer que ces danses ne sont pas forcément dansées en France comme on les danse dans leur pays d'origine. Ainsi le tango argentin a été européanisé en ajustant certaines rythmiques différentes de celles d'origine.

La danse sportive.
Contrairement à la danse de société, la danse sportive est de "culture internationale", codifiée par la fédération internationale, l'IDSF (International Dance Sport Federation), qui regroupe plus de 70 pays. Des règles ont été mises en place. Compte tenu du nombre de couples qui existe de part le monde, et de la codification des pas et figures, une technique particulièrement approfondie a été développée, peaufinée. Ces danses évoluent constamment. L'organisation de championnats et des compétitions dans tous les pays du monde, a rendu nécessaire la "standardisation" les différentes danses, quitte, parfois, à leur donner une certaine rigidité. Pour ces danses, on peut parler de danse de "style international" à contrario du style national voire régional des danses de sociétés. La danse de style international a fait l'objet de beaucoup de recherches sur la technique et sur la chorégraphie. Il est vrai également que, pour l'instant, une réussite en carrière de danse de style international offre de meilleures perspectives que celles proposées par la danse de société.

Comme on le voit, ces deux formes de style ne s'opposent pas, mais au contraire se complètent. Certes, la danse de style international aura une évolution plus certaine que la danse de société qui se veut traditionnelle. Mais les deux ont leur charme respectif. Et ce qui me semble intéressant sur le plan intellectuel, c'est d'analyser l'évolution de la danse par couple. Comment les chemins se sont séparés tout en restant ensemble. Analyser les interactions et les différentes entre elles est quelque chose de particulièrement enrichissant et instructif pour toute personne aimant la danse. Prenons l'exemple du tango. Relater l'histoire de cette danse en regardant l'apport des différentes cultures nationales permet de comprendre pourquoi le style est différent entre le tango argentin, le tango dancing et le tango retenu par l'ISDF. Est-ce la même danse, quels sont les points communs, pourquoi paraissent-ils si différents ? Comment en est-on arrivé à cette situation ? Y a-t-il des influences entre elles ? Vaste sujet...

Depuis quelques lignes je ne parle plus que de danse de société et de danse de style international. Mais où donc est passée la danse sportive ?
Le Larousse définit le sport comme "l'ensemble des exercices physiques se présentant sous forme de jeux individuels ou collectifs, pouvant donner lieu à compétition el pratiqués en observant certaines règles".
La lecture de cette définition laisse penser qui toute discipline qui présente des exercice physiques et donne lieu à des compétitions est un sport. Ce qui veut dire que toute compétition de danse par couple, qu'elle soit de société ou de style international est un sport. En d'autres termes, la danse sportive regroupe toutes les compétitions de danse, qu'elles soient de danses de société ou de style international.

La logique voudrait donc que toutes les compétitions de danses par couple soient placées sous l'égide d'une fédération de danse sportive, et qu'à l'intérieur de celle-ci camperaient des "comités nationaux":
- Un comité gérant les compétitions de dans de style international régies par l'IDSF, la fédération internationale,
- Un autre comité régissant les autres danses qu'elles soient de société, c'est à dire les danses de culture française ou de tradition étrangère.
- Un troisième prenant en charge le rock acrobatique.

L'existence de trois comités indépendants appartenant à une fédération, en l'occurrence la FFD (Fédération Française de Danse) ne peut que créer des litiges et de la jalousie. C'est ce qui se passe en ce moment, où chaque comité critique l'autre, la plupart du temps avec de faux prétextes alors qu'ils font partie de la même famille. De plus une organisation de ce type n'est autre que la reproduction, sous un autre label, d'une confédération, situation qu'a toujours refusé le ministère depuis la loi de 1984.
Que doit-on enseigner dans les écoles et clubs de danse : la danse de société ou la danse de style international ? Ceci est une question à laquelle personne ne peut répondre, chacun ayant ses affinités. Par contre on peut indiquer des tendances de l'évolution de la danse en France.

La grande majorité des personnes pratique la danse par couple pour leur loisir. Certaines préfèrent pratiquer la danse de société, d'autre la danse de style international. Mais toutes se refusent à toute compétition. Rien n'empêche la pratique de la danse par couple à titre de loisir dans l'une ou l'autre discipline.
Mais il faut savoir que beaucoup plus de personnes pratiquent la compétition de danse de style international. C'est d'ailleurs elle que l'on voit à la télévision le plus souvent. C'est également elle qui attire le plus de spectateurs.

De nombreux couples qui ont pratiqué la compétition de danse de style international ouvrent une école ou un club. Il est donc logique qu'ils enseignent la danse telle qu'ils la pratiquaient en compétition. La danse par couple de style international a bénéficié d'un très fort développement pour cette raison. Il s'agit d'une évolution irréversible qu'il serait naïf d'ignorer.

Est-ce à terme la fin de la danse de société ? Non, certainement pas. N'oublions pas que les ersonnes qui viennent pour la première fois ans une école veulent apprendre la danse our la pratiquer dans un bal, une réunion ou un événement familial, et que la tradition ançaise est d'apprendre la danse de société. Mais comme on veut toujours apprendre ce que l'on voit ailleurs, une évolution me semble évidente.

Beaucoup de personnes disent ne pas vouloir pratiquer la danse de style international parce qu'ils n'aiment pas la compétition et tout le cérémonial qui lui est propre. Je pense qu'il ne faut pas faire l'amalgame. On peut parfaitement aimer la pratique de la danse de style international et être contre la compétition. L'un n'empêche, ou n'entraîne pas automatiquement l'autre. Tout comme on peut parfaitement apprécier la danse de société et s'opposer vivement à des compétitions dans ce style de danse. Il ne faut pas mélanger pratique de la danse et compétition. Je connais beaucoup de personnes qui ne veulent pratiquer que la danse de style international IDSF, mais qui ne veulent en aucun cas faire de compétition, ni même être spectateur à ces compétitions. Leur but est de pratiquer cette danse pour leur plaisir.

On peut comparer cette pratique avec la natation, la course à pied, le tennis, le patinage artistique ou le ski. Bien que toutes ces disciplines soient olympiques, la majorité des pratiquants le font pour leur plaisir, sans recherche de place d'honneur ou de record.

Ouvrons une petite parenthèse sur la formation des professionnels en la matière.

Compte tenu de ce qui vient d'être dit et de l'évolution de la danse en France, un professionnel digne de ce nom doit avoir des connaissances dans tous les domaines de la danse par couple, que ce soit de danse de société, de danse de style international et de rock dans ses différents styles, sans pour autant être un champion reconnu. Il doit pouvoir répondre à toutes les questions que pourrait se poser un débutant en la matière. Il doit également pouvoir permettre à ses élèves de commencer la compétition dans la discipline de son choix. C'est dans ce sens qu'a oeuvré l'équipe de la commission de formation et des diplômes de la FFD. A l'issue de sa formation, les élèves connaissent la technique de danse de style international, latine et standard. Ils connaissent également les danses de société et le rock qu'il soit au sol, sauté ou acrobatique. Ces professeurs peuvent ensuite se spécialiser dans la discipline de leur choix.

Malheureusement, la FFD a décidé d'arrêter la formation, jugeant le programme trop difficile est mal adapté. Que Madame Desgeorges, directeur technique national, pense cela, c'est excusable puisque la danse par couple n'entre pas dans son domaine de connaissances. Par contre dans le cas de Monsieur Lecygne, président de la FFD, la situation est plus surprenante puisqu'il est lui-même professeur de danse par couple. Le manque de finance ne peut venir que d'un manque de communication de la part de la FFD, et surtout de la volonté apparente de ne pas aboutir. Le diplôme, pourtant obligatoire de par la loi, n'est toujours pas déposé, et rien ne bouge en la matière, malgré les insistances de la commission de formation.

Le fait de travailler la danse de style international permet aux élèves professeurs de se familiariser avec la technique de base de la danse par couple. Encore une fois cette technique a été poussée à l'extrême du fait du nombre de couple en compétition dans le monde, et donc d'enjeux financiers importants. La maîtrise de cette technique leur permet d'enseigner aisément les danses par couple de culture française ou étrangère, ou d'en acquérir rapidement les particularités techniques.

Une fois acquises les bases des différentes danses, un enseignant se doit de suivre une "formation continue". Les techniques évoluent, les styles aussi. Les méthodes d'enseignement se peaufinent. Chacun devrait consacrer un budget annuel à sa propre formation.

Un tel enseignant sera capable de répondre à la demande de toute personne, de respecter les desiderata de sa dientèle. Bref d'être un vrai professionnel.

Mais ceci est un autre problème. Fermons la parenthèse et revenons à notre sujet.

La danse de société et la danse de style international cohabiteront dans le futur. C'est une certitude. Il faut donc que les enseignants soient préparés à cette évolution. De plus, il est nécessaire que cessent les règlements de comptes entre professionnels. J'ai entendu des professeurs de danse de société dénigrer systématiquement la danse sportive. Un jour j'ai pu voir une cassette d'eux effectuant une démonstration de danse lors d'une croisière. Ils ne faisaient que de la danse de style international !

Il semble que la FFD ait raté le coche en créant des comités n'ayant aucun lien entre eux. Au lieu de réunir et rallier, elle a divisé et créé des dissensions importantes. Que ce soit pour les diplômes, les clubs ou les compétitions, il y a compétition entre les comités.

Au contraire, l'unification des comités actuels permettrait d'ceuvrer dans le bon sens. Ainsi apparaîtrait une plus grande compréhension de l'autre, l'acceptation de règles et de styles différents qui faciliterait le travail de tous dans l'intérêt suprême de la danse.

En finalité, il n'existe pas de guerre de danses, mais seulement des guerres d'hommes, amateurs ou professionnels, et c'est bien dommage...

 

 



21/08/2013

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