● L'économie du geste
L'économie du geste
par Sylvie PERDRIJAU
Danse Magazine n° 6 (01/12/1987)
Tout danseur en piste a le désir d'être vu par le public, de se faire remarquer par les juges. Ce désir de se montrer aboutit souvent à la réalisation de grands mouvements, d'actions trop marquées pour être honnêtes, et qui engendrent une fatigue excessive. Peur de n'être pas vu, mais aussi mauvais emploi de la technique, mauvaise respiration, mauvaise tenue ... voilà par où s'échappe fréquemment l'énergie des compétiteurs.
L'économie du geste commence avec une position correcte et un bon échauffement. Le dos sera bien placé et correctement équilibré, car du dos naît la force et la maîtrise de soi. Le bassin sera droit, basculé ni en avant ni en arrière. La colonne vertébrale s'allongera le plus possible en s'étirant verticalement. Se cambrer mobilise le dos et les abdominaux et nuit au mouvement.
Placer ses épaules, c'est prendre conscience de ses omoplates : si elles sont trop écartées, le dos s'arrondit ; si elles se rapprochent, il devient droit. Si les épaules montent, on ouvre la porte aux contractures, et on n'a pas vraiment l'air d'un danseur ; si elles descendent, la nuque s'allonge, le cou se redresse, la tête est portée haute, digne.
Le dos droit, les épaules basses, un beau port de tête, quoi de plus facile et de plus naturel ? Il est moins fatiguant de se tenir que de se laisser aller... ou de vouloir trop bien faire. Car il ne faut pas confondre non plus bonne tenue du corps et crispation de la musculation, laquelle empêche tout mouvement naturel avec pour première conséquence un déplacement heurté, dur parce qu'effectué en force. Quelque fréquente que soit cette exagération, n'en suivez pas l'exemple !
L'échauffement, au contraire, détend les muscles, les assouplit et leur confère une plus grande facilité dans le mouvement, et une meilleure efficacité. L'échauffement décontracte les muscles, mais aussi l'esprit. S'il est bien pratiqué, il permet d'éloigner l'appréhension et le trac que certains connaissent, en fixant leur attention sur leurs capacités physiques.
Autre chose à ne pas négliger,
On se doit encore de ne pas faire erreur sur le but 'de ce qu'on appelle communément la technique : celle-ci ne sert pas à expliquer les pas, elle facilite le mouvement et apprend à se déplacer plus vite et plus aisément. L'exemple le plus probant est celui de la samba, où la "bounce action" est le résultat d'un travail précis du corps entier, et non de la perpétuelle ascension sur les plantes des pieds, méthode que l'on enseigné dans un premier temps aux débutants, mais qui assure une épuisement rapide, et une lourdeur de déplacement dont doivent s'affranchir les compétiteurs.
Hantise de nombreux danseurs, les mouvements de bras obéissent à quelques régies très simples. Ils doivent être la continuité du mouvement de corps, que par conséquent ils finissent. Les bras se développent progressivement depuis l'épaule, le coude, puis le poignet, et jusqu'aux doigts. Ce travail naturel, qui s'effectue en harmonie avec le mouvement et le déplacement du corps, est plus élégant et dépense moins d'énergie que des battements inconsidérés.
Tous ces points se recoupent dans les techniques les plus évoluées, malheureusement ignorées du plus grand nombre. Acquérir ces connaissances essentielles aboutit pourtant toujours à une économie de son énergie, en même temps qu'à une meilleure qualité de la danse.
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