● Le Paso Doble au coeur de l'arène
Le Paso Doble au coeur de l'arène
par Marc MARTIN
Rétro Magazine n° 25 (01/10/1996)
Chacun sait que la tauromachie est à l'origine de
L'origine des courses de taureaux remonte au 17ème siècle avant Jésus Christ. Il s'agissait d'aurochs sauvages capturés dans les forêts, et miraculeusement perpétués dans certains élevages d'Espagne appelés "ganaderfa". Plus près de nous des courses eurent lieu sous Jules César, sous Tibère et sous Néron, au début de notre ère. Puis suivit un passage à vide. Il faut attendre le 17ème siècle pour voir réapparaître les courses de taureaux en Espagne sous le nom de corrida.
Quand on connait le rituel d'une corrida, le spectacle qu'elle développe, la mise en scène impressionnante qui est la sienne et qui attire les passionnés (aficionados) et les badauds, on n'est pas surpris que des esprits imaginatifs aient eu le désir d'en faire une danse.
Regardons un toréador dans l'arène. Couvert de dorure dans son habit de lumière il recherche des attitudes stylisées où la noblesse du geste s'allie à un contrôle rigoureux, car n'oublions pas qu'il évolue dans une ambiance dangereuse. On peut affirmer que c'est un artiste. Hemingway allait plus loin encore quand il écrivait "Chaque matador est un génie ou il est mort".
Rien d'étonnant à ce que le torero ait fasciné le monde de
Que se passe-t-il dans l'arène un jour de corrida ?
Tout commence avec le "paseo", le cortège,
- la phase de piques (suerte de vars)
- la phase de banderillas (suerte de banderillas)
- la phase de mise à mort (faena de muleta et l'estocada)
(Note: Les noms en majuscules, qui vont suivre font également partie du répertoire des danseurs).
Lâché du premier taureau: prudemment un péon (subalterne) sort de la chicane (barrera) et sollicite le taureau par un APPEL. Le fauve se rue sur l'homme par une ATTAQUE. Le même scénario recommence plusieurs fois dans le but de faire courir le taureau. Le matador, très attentif derrière la barrera observe la charge du fauve "les taureaux se révèlent par leur charge" (Popelin). A lui de voir juste dans son appréciation car sa vie en dépend. Puis le matador va manoeuvrer le taureau à
Les clarines sonnent et commence la "suerte de banderillas".
En premier viennent les picadors armés de piques, montés sur des chevaux caparaçonnés du "peto" (tissu capitonné de protection) les yeux bandés "carcasses montées sur quatre pattes tremblantes" conduits par les monos sabios (singes savants).
Le cavalier bloque la charge par un COUP DE PIQUE. Les quites (jeu de cape) séparent les antagonistes.
Les clarines sonnent annonçant le changement de tercio.
Les banderillas entrent en scène tenant dans chacune de leurs mains une BANDERILLE, bâton enrubanné terminé par un harpon. Après une EXCITATION, sautant sur place, ils courent au devant du taureau, plantent les dards et par une ESQUIVE évitent la corne par un saut de côté. Suit une ATTENTE, et c'est au tour du 2ème banderilla.
Les clarines sonnent et annoncent le tercio de matar (mise à mort).
Le matador chasse péones et toreros d'un geste autoritaire; reste seul avec le fauve dans l'arène. "Le matador est ici dans la situation semblable au danseur silhouette frêle posée sur un grand espace qu'il lui faut remplir" (A. Lafont). Il tient l'épée de la main droite et la MULETA dans la main gauche, petite cape montée sur un bâton de
Il va manoeuvrer le taureau par des passes appelées NATURELLES conduisant le taureau le plus loin possible, pivotant SUR PLACE pendant que le taureau décrit des HUIT autour du corps de l'homme. Le taureau hébété par des efforts inutiles se plante sur ses quatre pattes. Suprême audace, le matador se met A GENOUX, la main tendue vers le front du fauve. Puis vient l'heure de vérité et l'estocade.
Voila pour
Si le Paso est espagnol d'origine (il vint en France avant 1914 dans le midi), ce sont les profs français qui l'enrichirent de mouvements et une fois de plus ce sont les anglais qui répertorièrent les figures. Par fair-play ils ont gardé quelques appellations françaises.
Une phrase résume le comportement des danseurs de Paso "Le haut du corps vers le plafond, le bas du corps vers le sol". Concrètement: poitrine haute épaules basses et dans les jambes, travail de genou et de cheville.
La tête est souvent "break".
Le costume ajoute une note d'authenticité. La Danseuse avec une jupe accrochée aux hanches s'évasant au dessous des fessiers, une fleur rouge ornant l'oreille ou
Cette danse a gardé son caractère d'origine mise à part le costume des danseuses en compétition, car les quelques centimètres de tissu de leur tenue latine n'a pas grand chose à voir avec les jupes en corolles des danseuses espagnoles (NDLR : contrairement aux danseurs rétro qui ont souvent gardé jusque dans la robe la fidélité à l'origine).
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