Cours de danse Danser la Vie - Toulouse

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● Les icônes de la danse au XXe siècle

Les icônes de la danse au XXe siècle

par Harry SMITH-HAMPSHIRE (traduction Eliane VAROQUI)
Dance News (00-00-0000)


MONSIEUR PIERRE 

Monsieur Pierre était le nom professionnel de Pierre Jean Philippe Zurcher-Margolle (né vers 1890 à Toulon, France – décédé en 1963 à Londres). Il était un danseur professionnel et un professeur de danse, largement responsable de l'introduction des danses latino-américaines en Angleterre, de leur codification et de la préparation du terrain pour leur utilisation dans les compétitions et dans la danse sociale. Le système que lui et ses collègues ont développé est devenu la base de toutes les compétitions latino-américaines organisées dans le cadre du World Dance Council (WDC).
Monsieur Pierre était Fellow (Maître de danse), examinateur et membre du Imperial Society of Teachers of Dancing (ISTD) et membre du Official Board of Ballroom Dancing (OBBD).
Source : Monsieur Pierre - Wikipedia

Alors que Henry JACQUES peut à juste titre être considéré comme une des plus importantes icônes de la danse du 20e siècle pour tout son travail de pionnier à donner son caractère moderne à la danse de salon et à établir les bases de la technique et de son exécution, de même PIERRE doit être placé aux côté de JACQUES pour tout ce qu'il a fait pour donner de la popularité aux danses latines devant un mur d'apathie. On peut ouvrir le débat pour savoir si, sans son influence, nous aurions pu voir le genre latino-américain s'aligner comme partenaire égal aux Danses Standard Modernes, style de danse apparaissant dans la plupart des championnats dans le monde entier.

Pratiquement seuls dans les années 30, lui et sa partenaire Doris LAVELLE, ont porté le flambeau des latines. Malgré le fait qu'ils étaient largement populaires dans les démonstrations, et souvent appelés à d'importantes fonctions lors de manifestations, le public qui applaudissait leur travail, ne donnait pourtant pas en masse dans les danses latines en elles-mêmes. A cause de cette résistance, les professeurs de danse en Angleterre ont montré peu d'intérêt pour les danses latines. Il y eut une tentative de populariser la Canoca en 1936, mais cela a tourné au fiasco en Angleterre. Durant cette période, la Samba a connu une courte vie et, à l'exception de quelques centres isolés d'intérêt, elle n'a jamais su trouver sa place dans les programmes de danse dans les bals anglais

Pierre et Doris LAVELLE ont très largement contribué au développement de l'expression latino-américaine au sein de l' ISTD et il est exact de dire que la forme compétitive de la danse latino-américaine n'aurait pas existé sans leur travail de pionniers. Il est possible que beaucoup de jeunes - et même de moins jeunes -, parmi les compétiteurs de danses latines aujourd'hui ignorent les noms de ces pionniers qui ont pourtant contribué à établir les danses latino-américaines comme un élément important dans le monde de la danse. Ils méritent que l'on s'en souviennent !

C'est essentiellement dû à leurs intarissables efforts à populariser ce style qu'un jour en reconnaissance le Latino-Americain apparu lors d'un Championnat dans ce pays. Mais il aura fallu du temps. Le Conseil officiel de la Danse de Salon voyait peu de raisons à promouvoir un championnat étant donné le peu d'intérêt suscité dans ce pays. Cela était largement dû au fait que pour la plupart, les hommes de l'époque avaient été élevés dans la tradition et conditionnés pour se conformer aux caractéristiques purement britanniques, c'est-à-dire peu enclins à être vu comme ayant un penchant pour une quelconque forme d'exhibitionnisme. C'est seulement lors du 39e Festival de Blackpool (1964) avant que ne furent instaurés les Championnats Professionnels et Amateurs de Danses Latines en Angleterre.

Il convient de rappeler que Pierre et Doris LAVELLE furent les premiers détenteurs des titres des Championnats Britanniques de Danses Latines. Ils en ont fait la demande et ont été gratifiés de ces titres par le Conseil Officiel des Danses de Salon (présentement désigné sous BDC) plusieurs années au préalable, mais ils ont généreusement autorisé le transfert du nom « Britannique » lors du Festival de Blackpool en 1964 lorsque la demande en a été faite par l'Organisatrice du Festival, Mme LLETT.

Bien que les compétitions de danses latines se trouvaient incluses dans le programme des Championnats Internationaux d'Elsa WELLS qui se déroulaient au Royal Albert Hall, et ce depuis 1953, c'est seulement en 1971 que le statut de championnat fut accordé.

A l'inverse du style moderne anglais de la danse de société qui s'est développé à partir des danses sociales populaires telles qu'elles étaient pratiquées par le grand public que l'on rencontrait dans les halls de bals, les salles d'associations et les salons des grands hôtels et partout où la danse trouvait sa place dans les îles britanniques, le style latino-américain n'a jamais été accepté par le public britannique en tant que style de grande envergure, considérant qu'il n'existait qu'en tant que simple culte dans les clubs. II n'a donc pu se développer que grâce à la persévérance de ses dévoués adeptes. A la tête de ce mouvement se trouvait Pierre, le persévérant, et sa partenaire, Doris LAVELLE.

Même en remontant dans les années 30, alors que Pierre et Doris LAVELLE avaient déjà acquis une réputation enviable avec leurs démonstrations de danses latino-américaines, il convient de remarquer que leurs premières prestations étaient purement danses de salon et qu'ensuite ils avaient ajouté les claquettes. Il est à l'évidence que Pierre était un remarquable homme de scène, il a même à un certain temps inclus une démonstration de danse Apache. Toujours désireux de tirer avantage de l'innovation que comportait ses danses nouvelles que cela était devenu la « coqueluche » parmi le public, à la fin des années 30. A titre d'exemple, en avril 1939. une publicité annonçait : « Une nouvelle danse exprimée avec les mains, les genoux, le dos et les épaules est enseignée par M. Pierre et Miss Doris dans son école située dans Régent Street ».

Progressivement, le style latin a fait place dans les shows de Pierre et Doris LAVELLE, et ils ont seulement retenu la Valse qu'ils présentaient comme un « encore ». Une chose est certaine, ils étudiaient le travail des meilleurs danseurs internationaux du moment, mais jamais ils ne copiaient, ils exprimaient leur propre et unique personnalité. S'il n'avait tenu qu'à Pierre, le Tango aurait probablement intégré la section latine de la danse. D'ailleurs, pendant la période juste avant la guerre, il s'était vu offrir un poste d'enseignant à des démonstrateurs professionnels pour des « Pas de démonstration en Tango ».

Pierre, né Pierre Jean Philippe ZURCHER-MARGOLLE a vu le jour à Toulon dans le Sud de la France, et il a vécu proche de la mer. Dès l'âge de 4 ans il a pu voguer sur un petit bateau et c'est un sport qu'il a aimé toute sa vie durant. Plus tard, il est allé à l'Université de Zurich et il était destiné à faire la même profession que son père, celle d'ingénieur (Son père était Ingénieur en Chef, responsable de la réalisation du tunnel de Luchberg en Suisse.)

Une blessure à l'œil droit lui a fait perdre la vue de cet œil et cela s'est révêlé irréversible, malgré le fait que son père l'avait fait traiter par des experts médicaux en Angleterre et en Amérique. II abandonna ses études d'ingénieur et, pendant un certain temps, il semblait avoir perdu tout idéal de vie. Il a remporté la médaille d'or lors d'une compétition de Patinage en Suisse ; par la suite, il a suivi un cours de patins à roulettes et il remporta une compétition en Angleterre avec une partenaire déjà médaillée. C'est alors qu'il a trouvé sa vraie vocation dans la danse, a qui il a consacré le reste de sa vie. Après avoir rencontré P.J. S. RICHARDSON, le grand éditeur du journal « Dancing Times » un soir dans un club, P.J.S. lui demanda de juger une compétition de Tango. Ce fut le tournant de sa vie, car cet événement l'a projeté dans la profession, puisque les amateurs n'étaient pas autorisés à juger.

Doris LAVELLE a joué un rôle vital dans la carrière de Pierre. Elle l'a tout d'abord rejoint à son école de danse en qualité d'élève puis elle est devenue sa partenaire, et est allée porter ses idées et enseignements jusqu'après sa mort. L'éducation artistique de Doris LAVELLE a commencé par l'étude du piano, du violon, du chant et (ce qu'elle aimait par dessus tout) la danse. Sous la houlette de Pierre, elle est devenue foncièrement passionnée de pratique de la danse, mais à ses débuts elle était assez réfractaire à la théorie (mais plus tard elle est devenue une grande experte en Théorie et elle a enseigné à beaucoup de personnes qui par la suite ont occupé des positions prééminentes dans la profession).

Cela paraîtra surprenant à beaucoup, mais ceux qui la connaissaient bien savent qu'elle s'est produite avec Harry TUCKER dans le Championnat Britannique de Danse Professionnelle Moderne et ce, avec un certain succès. Ils ont figuré en Tango dans la Finale. Peut être que ce succès dans cette danse argentine était annonciateur de sa prédilection pour les danses latines avant qu'elle ne trouve sa vraie voie.

Pierre a eu plusieurs partenaires, en premier la Comtesse Giola, suivie de Madame BAYO et de Meredith OWEN, mais son association avec Doris LAVELLE s'est révélée permanente sous cet abri historique que fut la danse latine.

A cette époque, avant la guerre 39-45, Pierre et LAVELLE ont dansé et enseigné la Rumba dans le style connu sous l'appellation Rumba Carrée Américaine.

Mais Pierre avait un besoin d' " authenticité " dans sa danse, ce qui l'a conduit à Cuba et en Amérique du Sud pour y étudier les danses latines dans leur forme d'origine. Son premier voyage à Cuba, il y en a eu plusieurs, s'est situé en 1949. Ce qu'il a trouvé, a complètement renversé ses théories de la Rumba Carrée. Il s'est converti à la forme actuelle de la Rumba cubaine, qui consiste à commencer le premier pas sur le 2" temps de la mesure. Le Cha cha cha aussi résulte de leurs voyages à Cuba, alors que la Samba a été influencée par leurs visites au Brésil.

Franck BURROWS et d'autres ont émis de fortes réserves à savoir si c'était vraiment de la Rumba ou bien s'il n'y avait pas quelque confusion avec le Mambo. Dans son livre intitulé « The Dancing Master », BURROWS écrit : « II apparaît clair à présent que la Rumba Cubaine est le Mambo et le Mambo est le Cha cha cha, si seulement cela s'était vu plus tôt ».

Cependant, tous les enseignants ainsi que les compétiteurs n'ont pas accepté ce changement aussi facilement. Même lorsque les Championnats Mondiaux ont resurgi à Meca en 1959, il y avait encore beaucoup d'indécision quant à savoir si le style Rumba allait recevoir l'agrément des juges. A cet événement, le style cubain de Pierre et LAVELLE l'a remporté et n'a jamais été abandonné depuis.

C'est le style que l'on trouve dans les livres techniques. C'est également la base de toutes les danses de compétitions latines. L'influence de Pierre a survécu !



21/08/2013

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