Cours de danse Danser la Vie - Toulouse

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● Histoire du boogie woogie

Histoire du boogie woogie
par Jérôme BOURGOIN
L'Histoire du Blues (cf. www.c-swing.com) (12-04-2008)


Cette merveilleuse musique est née dans les "honky tonks" et les "boxons de Storyville..."

Le Ragtime et la seizième
Tandis que Scott Joplin, Tom Turpin ou Eubie Blake donnent au Ragtime ses lettres de noblesse, un autre genre musical rencontre lui aussi l'adhésion des foules. S'il se joue également au piano, il est différent de la musique chère à Joplin car on n'y retrouve aucune référence aux danses européennes. Au contraire, il est fortement ancré dans la tradition noire et il est pratiqué essentiellement dans le Sud des Etats-Unis par des musiciens qui n'ont jamais appris à lire une partition. Le vieux pianiste et compositeur Eubie Blake se souvient comment en 1896 à l'âge de 13 ans il entendit le pianiste Wiliam Turk. Il avait une main gauche comme celle de Dieu. Il ignorait en quelle clé il jouait, mais il les utilisait toutes. Il savait jouer la ligne de basse de Ragtime qui marque les temps forts et les temps faibles, mais cela l'ennuyait parce que son estomac gênait son bras. Aussi préférait-il la ligne de basse qui ne marque pas les temps. Nous l'appelions la seizième. Maintenant, cela s'appelle Boogie-Woogie.

Pinetop Smith
C'est PINETOP SMITH, un éminent spécialiste de ce style, qui popularisa le nom de "Boogie-Woogie" (dont l'orignine est mystérieuse) en donnant le tritre de "PINITOP'S BOOGIE-WOOGIE" à un célèbre solo de piano qu'il enregistra en 1928. Ce solo est devenu une véritable référence pour tous les pianistes de Blues décidant de jouer le "Boogie-Woogie". Le terme " Boogie " pourrait trouver son origine dans les racines de l'âme d'Afrique de l'Ouest, le " boogie-rebo " étant à la fois une danse et un arbre creux sur lequel on battait le rythme. Mais il pourrait tout aussi bien provenir d'un vieux mot français de la Nouvelle-Orléans, " bouger ". Dans le "Deep South", "boogie" désignait également une prostituée "boogie girl". Quand au mot "woogie", il viendrait du verbe anglais "to walk" qui veut dire "marcher".

La musique des "honky tonks"
Le Boogie-Woogie et la musique des trains s'accordaient à merveille. Ils avaient le même rythme. Les "Honky tonks", les trains de bastringue comme on les appelait, étaient des trains qui desservaient la Nouvelle-Orléans par la ligne centrale de l'Illinois et qui comportait une voiture vide dans laquelle les gens pouvaient danser et où il n'y avait pas de fauteuil, mais un piano.

Pianistes itinérants
Dans les camps de bûcherons de la Louisianne et du Texas du Sud, tous les travailleurs étaient noirs. C'est là que le Boogie-Woogie a pris son essort. Ils avaient l'habitude de travailler 8 heures d'affilée, puis de passer 8 heures à chanter et à danser dans les baraquements construits par les compagnies. C'était parfois un simple abri avec seulement un piano, un simple toit de planche posé sur des barils. Elwin Boston Pikin's, l'un des derniers à pratiquer le Boogie-Woogie traditionnel du Texas raconte qu'il allait d'un campement de bûcherons à l'autre. Il voyageait dans les wagons de marchandises, les wagons aveugles comme il les appelait, ou faisait du stop auprès des conducteurs de train. Et ceux-ci étaient habitués aux pianistes itinérants qui leur racontaient des histoires et qui sautaient du train pour gagner un autre campement où ils jouaient à nouveau 8 heures dans un baraquement. C'est ainsi que le Boogie-Woogie a fait le tour du Texas puis bien entendu a fini par en franchir les frontières. Maintenant savoir comment cette musique s'est réellement structurée et développée pose toujours quelques problèmes aux historiens. Elle est venue des quatre coins du Sud et a très rapidement développé des particularités régionales. Le style de la Nouvelle-Orléans était d'ailleurs un peu plus accentué de la main gauche, c'est ce qu'on appelait la "main gauche".

La main gauche
Plusieurs lignes rythmiques de la main gauche emergèrent. Elles prirent des noms différents : the change, the five, the rocks devenue très connues à Menphis. La plupart consistent en lignes de basse de 8/4 (c'est à dire 8 notes par mesures non syncopées) exécutées de la main gauche. Mais certains Boogie-Woogie se jouaient en 4/4 et même en 6/4. C'étaient de vrais pianistes qui pouvaient assurer un rythme fabuleux de la main gauche et vous sortir une mélodie de la main droite. Aujourd'hui, il y a toujours un bassiste et un batteur pour soutenir le pianiste. La main gauche est un art qui se perd. Musique d'autodidactes qui participait aux folles ambiances du Sud Profond ("Deep South"), le Boogie-Woogie rencontra, grâce à son rythme entraînant, un très large succès…

La prohibition
On constate que les pianistes ont convergé vers le Nord, vers Chicago, entre 1919 et 1933. Les clubs et les cabarets des grandes villes du Nord comme New-York ont draîné les pianistes noirs qui firent du Boogie-Woogie l'un des courants majeurs de la musique noire pendant la période de la Prohibition.

Les premiers enregistrements
Il n'y a aucun doute, le Boogie-Woogie est une suite logique du Ragtime qui était au départ une musique de blanc, puis a suivi de plus en plus l'influence des rythmes noirs au fur et à mesure que les noirs on pu approcher les pianos. Mais les représentants de ce genre musical ont tardé à effectuer leur baptême du feu en studio d'enregistrement. Ce fut Georges W. Thomas qui enregistra le premier un morceau avec une ligne de basse de Boogie-Woogie, c'est à dire sans marquer les temps. C'était " The Rocks ", qu'il enregistra en 1923. Un peu plus tard, en 1928, Clarence Pinetop Smith et Charlie Cow Cow Davenport gravèrent respectivement " Pinetops' Boogie-Woogie " et " Cow Cow Blues ", les deux morceaux de référence repris par tous les pianistes.

Le Boogie-Woogie trouve sa place dans le Jazz
Les pianistes noirs ont peu à peu apporté une dimension différente à cette musique. Ils ont utilisé les lignes de basse du Boogie-Woogie non pas comme simple technique particulière de piano, mais comme un support dynamique pour les chansons de Blues. Ainsi, le Boogie-Woogie n'était plus une musique à part, il faisait parti du Blues et du Music Hall. Du fait qu'il trouvait sa place dans le Jazz, il fut universellement reconnu comme genre musical à part entière.

La nouvelle dynamique du Boogie-Woogie
Plusieurs dizaines de pianistes, en marge des conservatoires et autres écoles de musique, vont perpétuer la magie du Boogie-Woogie qui trouvera quelques vingt ans plus tard une nouvelle dynamique avec les artisans du Rythm and Blues (Louis Jordan) et enfin du Rock'n Roll (Jerry lee Lewis).

par Jérôme BOURGOIN
d'après l'article " L'Histoire du Blues " ,
l'émission " Boogie-Woogie ",
la préface du recueil distribué par SOFRASON (Black And Blue) .




21/08/2013

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