Cours de danse Danser la Vie - Toulouse

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● La question Olympique

La question Olympique
par Harry SMITH-HAMPSHIRE (traduction Isabelle REYJAL)
Dance News été 1996 - Le Bulletin Fédéral FFD n° 22 (01/06/1996)

 

Avant que vous ne lisiez ces lignes, les Jeux Olympiques de 1996 auront déjà eu lieu, avec ce que je prévois être, connaissant le sens américain du show médiatique ronflant, une cérémonie d'ouverture à tout casser. Cependant, Lord Killanin, de Grande-Bretagne, troisième président du C.I.O. (Comité International Olympique), s'est profondément inquiété de voir le sport devenir une forme de show-business. L'ouverture des Jeux devrait être, selon lui, une cérémonie relativement simple, presque religieuse.

Voici à peine quelques jours, je contemplais la structure imposante, en marbre blanc, étirée en forme de fer à cheval, du stade Panathénaique d'Hérode, vieux de cent ans, à Athènes, en Grèce. On aurait pu croire qu'il venait juste d'être construit, alors qu'il fut édifié en 1896, pour la renaissance des Jeux Olympiques historiques. J'ai pensé alors combien il aurait été approprié que les Grecs puissent héberger à nouveau les Jeux « modernes » dans leur pays d'origine, à l'occasion du centenaire de leur renaissance. Pensée dont je suis sûre qu'elle aurait été partagée par Socrates Charos, président du Conseil National de Danse de Grèce, homme au sens patriotique développé, qui m'a reçu durant ma visite à Athènes.

Les Jeux Olympiques, qui à l'origine se tenaient dans la ville grecque d'Olympie, étaient la base d'un festival grec antique qui consistait, selon l'Encyclopédie, en divers concours d'athlétisme, de poésie et de musique - du sport et de l'art, je vous le fais remarquer. Les plus anciens témoignages montrent que ces Jeux Olympiques des premiers temps ont été célébrés tous les quatre ans à partir de 776 avant J.C. (bien qu'il soit possible qu'ils aient existé longtemps auparavant), et ceci sans discontinuer pendant près de 1200 ans. Ils ont été abolis en 393 après J.C. par l'empereur Théodose, et près de 1500 ans se sont écoulés avant que le baron Pierre de Coubertin, en France, ait lancé la campagne pour leur renouveau.

Il y a un noyau dur de traditionalistes du sport, tels que Sebastian Coe, qui pensent que seuls les sports
d' athlétisme sont réellement acceptables dans les Jeux Olympiques ; qui critiquent l'admission de sports en dehors de ces limites, qui disent qu'Avery Brundage - deuxième président du C.I.O. - doit se retourner dans sa tombe, qui se plaignent de l'inclusion des .professionnels dans les Jeux. Mais le C.I.O. a déjà accepté le principe selon lequel les professionnels peuvent participer aux Jeux Olympiques. Ils ont créé le précédent en faisant à nouveau du tennis un sport olympique après la fusion du tennis amateur et professionnel (le tennis était l'un des dix sports constitutifs des Jeux Olympiques « modernes » organisés à Athènes voici 100 ans).

Mais alors que les sports d'athlétisme se sont retrouvés portés au pinacle dans les Jeux Olympiques modernes, il semble bien que les arts étaient également vénérés dans les Jeux Olympiques originels de l'histoire ancienne. La danse sportive, qui exige un haut niveau de condition physique, et qui cependant, à l'instar d'autres disciplines olympiques reconnues, se juge selon des critères techniques et artistiques, est gagnante sur les deux tableaux !

Le problème de l'amateurisme est une pomme de discorde dans les Jeux Olympiques depuis les premiers temps, mais au fil des années l'application de la définition stricte et classique de l'amateurisme a changé. On a commencé à allouer des subsides financiers pour l'entraînement sportif dans le souci d'offrir les mêmes chances à tous. Mais il est douteux que le C.I.O. ait jamais obtenu le « nivellement de terrain » idéal, pour lequel il se battait. Certains pays étaient prêts à investir dans leurs athlètes davantage que d'autres. Par exemple, les athlètes d'Europe de l'Est recevaient des subventions étatiques confortables, qui rendaient superflue pour eux la poursuite d'une activité professionnelle normale diluant leur temps d'entraînement. Cela leur permettait de consacrer la totalité de leur temps à un entraînement intensif En pareil cas, la compétition est en elle-même la profession de ces compétiteurs.

Ce qui amène la question suivante : les prétendus amateurs des sports dits acceptables sont-ils à un degré quelconque moins professionnels que ceux qui déclarent ouvertement leur statut professionnel ? On entend souvent dire que les « amateurs » de haut niveau gagnent des cachets élevés en échange de leurs apparitions.

Il ne se passe pas autre chose dans notre petit monde de danse sportive : les « amateurs » de certains pays sont autorisés à gagner davantage d'argent par la danse - en leçons et démonstrations - que bien des professionnels légitimes, qualifiés et travaillant à plein temps, alors qu'on interdit expressément aux danseurs amateurs britanniques de tirer de la danse le moindre profit.

Il semble qu'il y ait beaucoup d'hypocrisie autour de la notion d'amateurisme. Selon moi, il est malsain que certains « amateurs » puissent gagner des sommes d'argent qui feraient l'envie de plus d'un professionnel, alors qu'à d'autres amateurs, pratiquant le même sport, cette facilité soit refusée. L'idéal de « chances égales pour tous » pour l'accès à un entraînement intensif, défendu par Lord Killinan lorsqu'il était président du C.I.O., semble plus inaccessible que jamais.

Peut-être les instances décisionnelles de la danse sportive, le WDDSC et l'IDSF, se mobiliseront-ils pour mettre en oeuvre un « nivellement du terrain » ; peut-être pourraient-ils, lors de leur prochaine rencontre paritaire, faire de cette cause intéressante leur objectif prioritaire, et se mettre d'accord pour ne pas lâcher prise jusqu'à trouver un débouché favorable.

 

 



21/08/2013

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